L’archiviste photographique du Musée de l’histoire ouvrière (MHO) a rassemblé une collection d’images uniques pour documenter la vie et les lieux de travail des travailleurs et des travailleuses. Bien que la collection n’ait pas encore été lancée officiellement, nous vous présentons quelques-unes des images qui ont le plus capté notre attention ainsi que l’histoire à l’origine de chacune d’elles. Au cours des prochains mois, nous ajouterons d’autres photos à la galerie, alors revenez y jeter un œil de temps à autre.

Si, en regardant ces images, vous vous souvenez d’avoir vu des images semblables dans des albums de famille, peut-être de parents, de grands-parents ou d’autres membres de la famille à leur lieu de travail, ou de toute autre scène dépeignant le travail, les travailleurs et les travailleuses et les lieux de travail, nous serions heureux de les ajouter sous forme numérique à notre collection. Bien que nous mettions l’accent sur Ottawa et les régions avoisinantes, nous acceptons également les images qui illustrent le travail et les travailleurs et travailleuses d’autres régions. Veuillez nous écrire à l’adresse images@workershistorymuseu


 

Ces outils de timbrage-relief, utilisés pour graver le métal ou le bois, ont été photographiés dans un atelier de l’usine de papier Domtar (anciennement E.B. Eddy) à Ottawa-Gatineau. Jusqu’à sa fermeture en 2006-2007, l’usine avait été centrale à l’industrie du bois d’œuvre et des produits de pâtes et papiers pendant 200 ans. Une équipe de photographes bénévoles mise en place par le MHO a passé 13 mois à minutieusement documenter l’ancien complexe avant sa reconstruction. Les 70 000 images et 36 heures de vidéos qui en résultent sont mises à la disposition de chercheurs. Photographe : Paul Harrison, archiviste photographique du MHO


 

Cette image évocatrice de Caje Rodriques, photographe du MHO, montre le monument simple et digne que l’on peut apercevoir au parc Vincent Massey à Ottawa. Érigé par le Congrès du travail du Canada en 1987, il constitue la pièce maîtresse de la cérémonie annuelle du 28 avril, le Jour de deuil national, tenue en mémoire des personnes tuées ou blessées au travail.

Initialement parrainé et souligné par les principaux syndicats nationaux du Canada, le Jour de deuil est officiellement observé à l’échelle du pays depuis 1990, et il a depuis été adopté dans plus de 100 pays.

Ce monument se trouve à une courte distance du pont du chemin Heron, dont l’effondrement pendant sa construction en août 1966 a coûté la vie à neuf hommes et en a blessé 60 autres. Pour une description détaillée du jour de l’effondrement, nous vous invitons à lire l’article suivant (en anglais seulement)


 

Le Musée de l’histoire ouvrière s’est engagé à documenter, au moyen d’images, les monuments et autres sites de l’Est ontarien qui reflètent l’histoire des travailleurs et des travailleuses. L’un de ces sites est le tunnel ferroviaire de Brockville, dont l’image est présentée ici. Les 535 mètres du tunnel sont ouverts au public, qui peut maintenant se promener sous plusieurs rues du centre-ville tout en profitant d’un spectacle son et lumière. Le tunnel a été construit pour permettre à la Brockville and Ottawa Railway d’accéder au secteur riverain. Il a fallu plus de six ans pour achever la construction du tunnel, mis en service en 1860. Une grande partie a été construite dans une tranchée qui a été recouverte par la suite. Les marchandises des navires amarrés étaient transférées dans les trains, qui passaient sous le centre-ville de Brockville et se dirigeaient vers le Nord, jusqu’à Arnprior, Smiths Falls et Perth. Photographe : Paul Harrison, archiviste photographique du MHO


 

Cet établi de Scanno, en Italie, est recouvert d’outils d’orfèvrerie servant à la fabrication d’articles en or et en argent. Il a été utilisé sans interruption de 1800 à 1975, dans la ville vallonnée de la pittoresque région des Abruzzes. Les outils sont encore utilisés occasionnellement aujourd’hui, et l’atelier de la famille Di Rienzo où se trouve l’établi offre toujours les bijoux traditionnels de Scanno et de la région des Abruzzes en Italie, dont la majorité sont confectionnés sur place à la main.

Images de Paul Harrison, ajoutées à la collection du MHO avec l’aimable autorisation d’Armando Di Rienzo, orfèvre, Scanno (Italie)


 

Tramway no 664 de l’Ottawa Electric Railway Company circulant sur la ligne Hull-Patrick en 1948. Les collectionneurs et les archivistes disposent d’un nombre surprenant de telles images pour cette période, car les amateurs de photographie de l’époque s’étaient engagés à créer un ensemble complet d’images de tous les tramways (et plus tard des autobus) de leur ville, tout comme le feraient des collectionneurs de pièces ou de timbres cherchant à acquérir un ensemble complet de chaque édition des timbres ou des pièces du pays.

Ottawa a été desservie par des tramways de 1891 à 1959. Pendant la plus grande partie de cette période, ils ont été exploités par une entreprise privée, l’Ottawa Electric Railway Company, et non pas comme un service municipal. L’Ottawa Electric Railway Company a été fondée par deux des entrepreneurs les plus en vue d’Ottawa, Thomas Ahearn et Warren Soper. Ils n’exploitaient pas seulement le service de tramways : ils fournissaient l’électricité pour faire fonctionner les tramways et les lumières électriques de la ville, construisaient les tramways (en plus de commercialiser tramways et voitures de chemin de fer en Amérique du Nord), étaient propriétaires et exploitants du parc Britannia, soit le plus important centre de loisirs d’Ottawa (desservit, bien sûr, par les tramways), et construisaient du matériel militaire pendant les deux guerres mondiales. À son apogée en 1929, l’Ottawa Electric Railway Company comptait des voies sur 90 km et employait plus de 300 receveurs et conducteurs.

En 1948, la Ville d’Ottawa a formé sa propre commission des transports qui a pris en charge le réseau de tramways (et d’autobus), les centrales électriques et la propriété du parc Britannia. Le service de tramways a pris fin le 2 mai 1959. Les citoyens d’Ottawa s’étaient réunis dans les rues pour assister à un dernier défilé de voitures dans la ville.


 

A dramatic image of the E B Eddy Paper Mill taken by a photographer determined to brave the intense cold of the winter of 2005. The complex was heated by steam produced in the company’s own generation facility, and piped to mills on both sides of the Ottawa River. When released, it quickly condensed into the white plumes that neatly frame the Parliament buildings just downriver. While most Canadians perceive Ottawa as a government town, it has a history as a center of manufacturing and pulp and paper industries going back 200 years. The E B Eddy mills, by then part of the Domtar empire, were closed in 2006-07. The photographer, Raymond Massé, has kindly donated the image to the WHM.


 

La photographie telle que nous la connaissons a été inventée dans les années 1840, mais une méthode pratique sur verre et n’impliquant pas de produits chimiques complexes et encombrants est apparue en 1884 lorsque George Eastman a commercialisé une « pellicule photographique » – un gel sec sur papier – qui pouvait être développée en studio dans une chambre noire, en quelques étapes simples et coordonnées. Les processus étaient faciles à apprendre et nécessitaient relativement peu d’investissement, de sorte que les studios de photographie se sont rapidement multipliés dans le monde entier. Ottawa n’a pas fait exception à la règle.

Une source* énumère plus de 80 studios à Ottawa au cours de la période de 1868 à 1929. Tandis que quelques-uns, comme la chaîne William J. Topley, sont devenus célèbres et que de nombreux exemples des œuvres de ses studios existent encore, la plupart ne sont connus que grâce à des publicités fanées provenant de journaux de l’époque. Beaucoup de ceux-ci ne semblent avoir existé que brièvement, ce qui suggère qu’il s’agissait d’une entreprise hautement compétitive, facile à lancer, mais difficile à rentabiliser, un peu comme la profession photographique moderne.

Le portrait en studio est devenu un moyen courant d’immortaliser diverses étapes de la vie familiale et était livré au client en format « cabinet », c’est-à-dire sur un carton épais d’environ 108 x 165 mm (41⁄4 x 61⁄2 pouces), comme celui présenté ici. Le portrait était généralement affiché sur l’armoire de salon. On les trouve facilement dans les boutiques d’antiquités et ils offrent souvent un aperçu touchant des gens de l’époque.

Cette image porte au verso le logo du studio Wallis établi sur la rue Sparks, à Ottawa, et l’emblème du prince Arthur, duc de Connaught, le 10e gouverneur général du Canada de 1911 à 1916. Cela laisse entendre que le duc était un mécène du studio. L’ajout de l’emblème ducal à l’image porte à croire que le studio Wallis était toujours en affaires pendant le mandat du duc au Canada. Voilà qui est étrange, car même si la liste des photographes d’Ottawa comprend effectivement les studios Wallis, il n’existe aucune entrée après 1902. La renommée du studio Wallis était-elle qu’il n’avait plus à faire de la publicité dans la presse populaire ? Ou serait-ce un autre Wallis, un fils peut-être, qui a continué d’exploiter l’entreprise au-delà de 1910 ?

Le couple beaucoup moins connu du portrait est, selon la note écrite à la main, au verso de l’image, « George Ferguson et son épouse Eliza Keys. George travaillait à Fallowfield et y a rencontré Eliza ». Ces jours-ci, Fallowfield n’est plus qu’un carrefour, mais au tournant du XXe siècle, c’était un village animé comptant de nombreuses petites industries et entreprises et où faisaient halte les voyageurs en route vers Ottawa. Il n’est donc pas surprenant que George y ait trouvé du travail et un cercle social assez grand pour se faire une jeune épouse.


 

Un ensemble d’anciens outils de travail du bois disposés et photographiés à des fins d’archivage. Ils font partie des outils de travail du bois de la collection d’artéfacts du Musée, et nous ont été offerts par les descendants de deux grands travailleurs du bois, Gus Hatfield (1916-1981) et Pat Sullivan (1903-1988). De nombreux autres ensembles d’outils ont été présentés dans notre calendrier de 2018.
Photographe : Bob Acton, avec les conseils de Paul Harrison sur la disposition des outils

Le Musée est toujours heureux de recevoir des offres de dons d’artéfacts ou de documents liés à l’histoire, au travail, à la vie ou au mouvement syndical des travailleuses et travailleurs canadiens, en particulier de la région d’Ottawa. Si vous possédez des outils, des documents ou des images d’intérêt, veuillez communiquer avec nous à info@workershistorymuseum.ca.


 

La démolition de l’ancien bureau de poste a commencé en mai-juin 1938 sur ce qui s’appelait alors la place Connaught, et plus tard la place de la Confédération. Un peu plus loin, à gauche, la construction du Monument commémoratif de guerre était en voie d’achèvement; il a été inauguré un an plus tard. L’intention était d’ériger le Monument au centre d’une grande place ouverte. Le bureau de poste a donc été appelé à disparaître rapidement. Il a été démoli en seulement 8 semaines, ce qui a donné le temps d’aménager le terrain ainsi que le reste de la place. Un nouveau bureau de poste a été construit en même temps et se trouve toujours à l’angle nord-est de la rue Sparks, près du Monument. Alors qu’un comptoir postal est toujours en service au rez-de-chaussée, le reste de l’édifice est occupé par des bureaux du Conseil privé.

Un an après la prise de cette photo, le 21 mai 1939, le roi régnant George VI, accompagné du premier ministre Mackenzie King, a dédié le nouveau monument en l’honneur des Canadiens morts aux guerres du passé. Ironiquement, le premier ministre et lui étaient déjà convaincus qu’une autre guerre menaçait l’Europe et que le monument commémorerait bientôt le sacrifice de nombreuses autres personnes.


 

Ce contenant massif, l’un de trois, est un désintégrateur de pâte de l’ancienne usine de papier E.B. Eddy à Ottawa. Le schéma qui l’accompagne est un guide d’assemblage daté de janvier 1949. La grosse cuve servait à mélanger la pâte de bois et les produits chimiques requis pour fabriquer le type de papier produit en un jour donné. Le schéma a été retrouvé à l’intérieur de l’ancienne usine E.B. Eddy où, avec la permission des propriétaires actuels, soit la société Windmill et Domtar, une équipe du Musée de l’histoire ouvrière a passé 13 mois pour documenter le complexe avant sa reconstruction. Tout près se trouvait le laboratoire chimique où étaient réalisés le contrôle de la qualité et les essais du mélange de pâte. Les édifices où se trouvaient les désintégrateurs de pâte et, autrefois, les énormes machines à papier qu’ils approvisionnaient, ont été rasés pour faire place à des condominiums. L’usine E.B. Eddy, située près de la chute des Chaudières, à Ottawa, a été exploitée pendant plus de 150 ans, employant près de 200 personnes à sa fermeture en 2006-2007.

Photographe: Paul Harrison


 

Avant qu’il y ait des photographes professionnels, il y avait des illustrateurs professionnels, qui créaient des dessins précis de scènes pour ce que nous appellerions aujourd’hui des livres de salon, ainsi que des illustrations pour les livres de voyage et les livres anciens populaires dans la société bourgeoise des années 1800. L’un de ces illustrateurs était William Henry Bartlett. Il a fait son apprentissage en Angleterre en 1822 auprès de l’architecte et antiquaire John Britton, qui a très tôt reconnu les talents d’illustrateur du jeune Bartlett. Travaillant pour Britton et de nombreux autres éditeurs, Bartlett a eu une carrière couronnée de succès qui l’a amené à voyager beaucoup, y compris en Amérique du Nord. Bien qu’il n’ait jamais été reconnu en tant qu’artiste, les centaines de dessins de William Bartlett n’ont pas seulement orné les livres de ses employeurs, mais également de jolies toiles murales. Ils sont encore imprimés à ce jour, souvent à des prix élevés.

beaucoup moins cher que sa valeur réelle. Il a été acquis par le Musée parce qu’il s’agit de l’une des premières représentations, datée de 1842, d’une scierie aux chutes Rideau. Les chutes Rideau, comme toutes les chutes de la région, ont attiré l’industrie du bois d’œuvre et, plus tard, les usines de papier qui avaient besoin d’énergie hydraulique pour faire fonctionner les lames de scie. Bien que les habitants actuels d’Ottawa considèrent l’endroit comme un parc pittoresque et une merveille naturelle, les chutes Rideau sont demeurées un site industriel jusqu’après la Seconde Guerre mondiale, lorsqu’elles ont été acquises par la Commission de la capitale nationale. Le Musée possède un certain nombre d’images des chutes photographiées plus tard pendant cette période industrielle. À suivre!

Photographe: Paul Harrison