OYEZ ! OYEZ!

Le 10 mars dernier, l’émission télévisée « Rogers Daytime », recevait Arthur Carkner pour en en savoir plus sur le musée de l’Histoire ouvrière.

Avis aux intéressé-e-s : nous disposons du clip vidéo (en anglais), une transcription de l’original et une traduction en français.

Animateur : Bienvenue à l’émission. Comme vous le savez, je prends toujours plaisir à vous faire faire de belles découvertes.  Aujourd’hui, je voudrais vous faire découvrir le musée de l’Histoire ouvrière.  Notre invité Arthur Carkner veut bien nous en dire un peu plus sur ce musée virtuel.  Bienvenue Arthur, nous sommes heureux de vous accueillir.  Sauriez-vous nous dire, vous qui travaillez au musée depuis ses débuts il y a douze ans, pourquoi on a voulu mettre sur pied le musée de l’Histoire ouvrière ?

Arthur Carkner : Chaque année, nous perdons des voix et des images.  Si vous consultez un registre paroissial d’il y a 200 ans, vous pouvez vérifier la date de naissance d’une personne.  Cependant, une grande partie de notre histoire sociale se trouve maintenant sur des bandes-vidéo qui se détériorent et sur des ordinateurs vite périmés.  Nous étions inquiets que des tranches importantes de l’histoire des dernières décennies disparaissent à jamais.

Animateur : Pourquoi vous êtes-vous impliqué, vous personnellement ?

Arthur Carkner : Il y a de nombreuses années, j’ai suivi un cours de radio-télévision au collège Algonquin – à l’époque, les caméras étaient plutôt primitives.  Bien que je n’aie pas poursuivi dans cette voie, j’ai compris que j’avais un certain talent pour ce qui est de dénicher une bonne histoire et le musée avait beaucoup à raconter.  La première histoire que nous avons relatée est sur vidéocassette – je reviendrai sur la question des différents médias que nous empruntons – mais toujours est-il que notre première réalisation porte sur les congés pour obligations familiales.  En effet, comment se fait-il que dans deux pays aussi semblables que le Canada et les États-Unis, seul une femme qui travaille au Canada puisse bénéficier d’un congé de maternité payé d’un an en soutien à sa famille ?

Animateur : Difficile à croire !

Arthur Carkner : Comment expliquer cette différence ? Eh bien, il y avait un filon à explorer et nous nous sommes empressés de le dégager.  Nous avons parlé à des personnes qui se sont battues pour obtenir le droit à un congé pour obligations familiales.  Elles étaient encore en vie et nous avons pu les interviewées, mais si on attend trop longtemps, les gens s’éteignent.

Animateur : C’est aussi fascinant parce que beaucoup de gens pensent qu’il s’agit d’un musée sur l’histoire ouvrière au Canada, alors que ce n’est pas le cas, n’est-ce pas ?  Ne s’agit-il pas d’un musée mondial ?

Arthur Carkner : Nous sommes canadiens et nous sommes situés à Ottawa.  Organisme de bienfaisance enregistré, nous bénéficions des appuis de la ville d’Ottawa, ce que nous apprécions, il va sans dire.  Il faut certes avoir un point d’ancrage, mais notre travail porte souvent sur des sujets plus vastes.

Il y a quelques semaines, nous avons organisé une projection en français à l’université Saint-Paul sur Cal Best, co-fondateur du plus grand syndicat de la ville, premier ambassadeur noir du Canada et rédacteur en chef du tabloïde qui a mobilisé l’opinion publique en rapportant l’histoire de Viola Desmond, qui figure sur le billet de dix dollars.   Aussi, après son décès en 2007, nous avons eu accès à certaines de ses entrevues grâce à sa famille qui appuyait notre démarche si bien que, dix ans plus tard, le film est toujours à l’affiche.  Nous l’avons diffusé pour la première fois en français à l’université Saint-Paul et, au moment de son lancement, nous l’avons présenté en primeur à la bibliothèque publique d’Ottawa.

Nous travaillons en partenariat avec un grand nombre d’entités différentes à qui nous offrons du contenu que nous avons développé au moyen de différents médias.  Ainsi, par exemple, nous avons réalisé une bande dessinée sur les frères Wong.

Animateur : Ah oui ?

Arthur Carkner: Il s’agit de la première famille d’entrepreneurs chinois à Ottawa et cette bande est destinée aux enfants en sixième année.  Nous utilisons des porte-bannières sur pied que nous apportons à différents types de réunions, d’activités ou autres.  Ils sont assez résistants et peuvent être assemblés sur une table, puis démantelés et emportés.

En tant que musée virtuel, nous essayons de nous rendre auprès des gens par opposition à attendre qu’ils viennent vers nous.  J’adore les musées que je fréquente assidûment, mais ouvrir un musée ce n’est pas une mince affaire; il faut investir beaucoup.  Il suffit de penser aux nombreuses années qu’il a fallu pour que le Musée canadien des droits de la personne puisse ouvrir ses portes, à Winnipeg.

Animateur : …et vous pouvez raconter plus d’histoires en faisant appel à des médias différents comme vous venez de le décrire.  Quels autres moyens empruntez-vous pour raconter vos histoires ?

Arthur Carkner : Eh bien, les chaînes câblées ! Depuis nos débuts, nous avons consacré beaucoup de temps à obtenir des entrevues sur l’obtention du droit au mariage entre personnes de même sexe.  Si un homme et une femme vivent ensemble, ils sont reconnus comme conjoints de fait au bout d’un an et, à ce titre, ils ont droit à des avantages sociaux tels que des soins dentaires en vertu de la common law.  Si toutefois deux hommes ou deux femmes partagent leur quotidien ce n’est pas le cas et ce peu importe la durée de leur relation !  Nous avons donc mené plusieurs entrevues et, après un certain nombre d’années, nous avons obtenu une bourse d’études d’été.   En passant, nous sommes très fiers d’être une entité virtuelle qui offre de vrais emplois au sein de la collectivité, ce qui est important, vous en conviendrez.

Animateur : Justement, je voulais vous me demander de m’en dire plus sur vos sources de financement.

Arthur Carkner : Comme je l’ai dit déjà, nous recevons des fonds de la ville d’Ottawa.  Pour les étudiants d’été, nous obtenons du financement auprès d’un programme fédéral.  Nous recevons également des subventions d’autres organismes et regroupements, parfois des syndicats.  La Banque Toronto-Dominion a été l’un des principaux bailleurs de fonds de notre projet sur l’histoire des Noirs, ce qui nous a permis de sillonner le pays avec le projet Best.

Pour revenir à la question des médias disponibles, j’aimerais vous dire que notre vidéo Qu’est-ce qu’une famille ? sur les droits des homosexuels a été visionnée plus de 1 200 fois sur YouTube.  Nous n’aurions pu louer un studio ou un cinéma pour rassembler 1 200 personnes.

Animateur :  Très juste.

Arthur Carkner : … vous savez, il n’y a rien de tel que le bouche à oreille.  Les gens se parlent, à savoir qui a vu quoi.  Le bouche à oreille est très important pour nous.

Animateur : Absolument ! Mais vous comptez sur le bénévolat, n’est-ce pas ? Vos bénévoles sont bien au rendez-vous.

Arthur Carkner : Nombreux sont les jeunes et moins jeunes qui s’intéressent à ce que nous faisons.  Nous voulons offrir à ceux et celles qui poursuivent des études muséales l’occasion d’acquérir de l’expérience car nombreux sont ceux qui aspirent à travailler dans ce secteur.  Sans compter les « têtes grisonnantes », c’est-à-dire les personnes à la retraite qui veulent bien répondre à l’appel.

Animateur : Je vois tout à fait ce que vous voulez dire.

Arthur Carkner : … des gens qui peuvent dire “Saviez-vous que…”.  Vous connaissez peut-être le dessin humoristique où à la hauteur d’une fourche sur la route, il y a deux panneaux; à droite, un qui indique « le paradis » et à gauche, un autre, « colloque au paradis »; et tous la Canadiens font la file au second …

Animateur :  Quelle belle image ? Je peux la reprendre ?

Arthur Carkner : D’aucuns diront que la nourriture, le logement, la reproduction sont des besoins fondamentaux. Nous croyons que l’apprentissage est également un besoin humain fondamental.

Animateur : Je suis tout à fait d’accord, Arthur ! Merci beaucoup de vous être joint à nous aujourd’hui. ! Nous vous en sommes vraiment reconnaissants. À nos téléspectateurs, je dis : « rendez-vous sur le site Web du Musée qui recèle de belles histoires, c’est une ressource merveilleuse ! »