Pat McGrath était un leader naturel. Il n’est donc pas surprenant qu’elle eût laissé des instructions précises pour ses funérailles avant son décès.

« Trois de ses amies lui ont chanté une chanson de Bob Marley », se souvient Arthur Carkner, qui avait connu Mme McGrath pendant 20 ans. Ils travaillaient ensemble au Musée de l’histoire ouvrière (MHO), un musée virtuel d’Ottawa établi en 2011 ayant pour mandat de préserver l’histoire des syndicats canadiens et des luttes de la classe ouvrière de façon originale.

Mme McGrath a laissé un legs de 10 000 $ au Musée. M. Carkner, ainsi que ses amis Barb Stewart, Zelma Buckley et le président du MHO, Robert Hatfield, se sont vu confier la responsabilité de trouver la meilleure façon d’utiliser l’argent.

Ils avaient d’abord pensé consacrer la somme d’argent à un projet particulier ou la répartir pour améliorer le musée. Puis, ils ont convenu de créer une bourse d’études en l’honneur de Pat McGrath.

« C’est une combinaison de ce qui représente le mieux la passion qu’éprouvait Pat pour l’enseignement et de ce qui avantage le plus l’ensemble de la collectivité », indique M. Carkner.

Mme McGrath était issue d’une famille de militaires et avait travaillé au sein du ministère de la Défense nationale. Elle était une militante syndicale qui siégeait à des comités d’éthique, notamment à titre de présidente de l’Alliance de la Fonction publique du Canada et du Comité d’action des membres ayant un handicap*.

Mme McGrath, qui combattait elle-même des problèmes de santé, s’employait activement à sensibiliser la société aux obstacles auxquels se heurtent les personnes handicapées. Elle défendait également les droits des minorités visibles et les droits des homosexuels.

« Son activisme remonte à sa jeune enfance, alors qu’elle défiait ses enseignants à l’âge de huit ans. Elle n’a jamais cessé depuis », explique Mme Buckley.

Selon Barb Stewart, Mme McGrath croyait que chacun se devait d’aider les personnes dans le besoin et elle examinait tout « selon l’optique des personnes handicapées, cherchant à rendre les choses plus accessibles et à sensibiliser les autres aux besoins des personnes handicapées et aux obstacles à lever ».

L’enthousiasme de Mme McGrath envers l’enseignement est ce qui a amené M. Carkner et ceux ayant participé à la fondation du Musée de l’inviter à se joindre à eux. Mme McGrath était une fervente partisane du Musée et de ses activités, agissant à titre de membre du conseil d’administration et du conseil directeur. M. Hatfield se souvient du premier événement tenu dans le cadre de la Journée du colonel By auquel avait participé le MHO, où Pat avait aidé à monter leur installation et attirait les foules.

« Par la fin de la journée, il n’y avait pas une table qui n’avait pas reçu la visite de la gentille dame à la voix rauque, et il n’y avait pas une table où on n’avait pas entendu parler du nouveau Musée de l’histoire ouvrière. »

La bourse d’études fournira une somme annuelle de 1 000 $ pendant au moins les huit prochaines années, et elle sera offerte à tout étudiant ayant une incapacité confirmée et fréquentant une université ou un collège au Canada. Les responsables du Musée disent espérer que la bourse touchera à un financement supplémentaire afin de poursuivre sur sa lancée, une fois l’argent du legs original écoulé.

Tandis que 80 p. 100 du legs de Pat McGrath ira envers la bourse d’études, le reste de la somme sera utilisée pour créer une vidéo. La vidéo, qui sera réalisée au cours des quelques prochaines années, portera principalement sur les travailleurs et les travailleuses ayant une incapacité et sur les divers obstacles auxquels ils et elles se heurtent. On y abordera notamment le fait que les personnes handicapées figurent souvent parmi les premières à perdre leur emploi en période d’austérité, confirme M. Carkner.

Les personnes handicapées ne doivent pas seulement surmonter leurs propres incapacités physiques, elles sont aussi confrontées chaque jour au stigmate social. M. Carkner explique que quoique de nombreuses personnes handicapées aient la capacité de travailler, l’occasion de le faire ne leur ait jamais présenté.

« Il y a une expression à laquelle je pense souvent lorsque je travaille avec des personnes handicapées », raconte M. Carkner. « Si une personne est incapable d’entrer dans un bâtiment en raison des escaliers, vous pouvez les faire sauter à la dynamite et installer une rampe. Mais les préjugés resteront, et c’est réellement ce qui vous arrête. »

Mme McGrath ne reculait pas devant les obstacles. « Elle se combattait sans relâche pour rendre les lieux de travail entièrement accessibles et elle voyait à ce que son employeur et son syndicat respectent cette norme », se souvient Mme Buckley.

Mme McGrath a touché la vie de nombreuses personnes, et la bourse d’études créée en son honneur poursuivra son œuvre.

 

Par Nicole Bayes-Fleming | Traduit par Valérie Lalonde

 

* Remarque : Pat McGrath siégeait au Comité exécutif du Conseil de la région de la capitale nationale de l’AFPC et présidait le Comité d’action des membres ayant un handicap.