Est-ce aujourd’hui que vous perdrez la vie au travail?

day of mourningC’est la question que pose le Congrès du travail du Canada. Entre 1993 et 2011, on a attribué le décès de 17 062 personnes à des causes d’origine professionnelle, soit une moyenne de 898 décès par année. En 2012 seulement, 75 Québécois sont morts à cause d’un accident du travail.

Le 28 avril de chaque année, le Jour de deuil national commémore les travailleurs qui ont été tués ou blessés au travail, ou affligés d’une maladie découlant d’un risque ou d’un accident en milieu de travail. Des événements sont tenus à divers endroits partout au Canada. À Ottawa, le drapeau sur la Colline du Parlement est mis en berne et les travailleurs et les employés honorent ce jour en allumant des bougies, en portant des rubans et des brassards noirs et en observant des moments de silence. Les visiteurs du parc Vincent Massey célèbrent à leur tour au monument national construit en l’honneur des travailleurs tués ou blessés en milieu travail. Ce lieu a été choisi en raison de sa proximité à l’un des plus importants accidents du travail de l’histoire du Canada : l’effondrement du pont du chemin Heron, le 10 août 1966, qui a tué 9 personnes et en a blessé 55 autres. (Dave Bennett, membre et ancien secrétaire du Musée de l’histoire ouvrière, a travaillé assidûment auprès d’autres militants pour la création de ce monument.)

Le 28 avril a été choisi en tant que Jour de deuil national, car à cette date en 1914, la Loi sur les accidents du travail a franchi l’étape de la troisième lecture.

Le Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP) a premièrement souligné le jour de compassion pour les travailleurs en 1984, lequel fut déclaré un jour national de souvenir par le Congrès du travail du Canada l’année suivante. En décembre 1990, l’adoption de la Loi sur le jour de compassion pour les travailleurs a fait de cette date une célébration nationale. Le 28 avril 1991 fut le premier Jour de deuil national officiel pour les personnes tuées ou blessées en milieu de travail.

Depuis ses débuts au Canada, ce jour de commémoration est souligné dans plus de 80 pays, même si la plupart d’entre eux le nomment plutôt le Jour de compassion pour les travailleurs. Le 28 avril 2001, l’Organisation internationale du Travail a souligné la première Journée mondiale de la sécurité et de la santé au travail.

Quel que soit son nom, son but de commémoration porte deux volets : se souvenir des victimes qui ont perdu la vie ou ont été blessées en milieu de travail et leur rendre hommage, et renouveler notre engagement envers l’amélioration de la santé et de la sécurité au travail afin de prévenir les décès et les blessures au travail ainsi que les maladies professionnelles.

Nos lois sur la santé et la sécurité sont parmi les meilleures au monde, toutefois, le nombre de décès en milieu de travail ne cesse d’augmenter. En 1993, on comptait 758 décès en milieu de travail au Canada. En 2011, 919 décès en milieu de travail ont été enregistrés au Canada, soit une légère baisse par rapport à 1 014 accidents l’année précédente. Ce nombre correspond à plus de 2,6 décès chaque jour. 1 De plus, en 2012, on évaluait à 245 365 le nombre de blessés au Canada. 2 Malheureusement, la célébration annuelle du Jour de deuil national n’a pas fait du Canada un endroit plus sécuritaire pour ses travailleurs.

Est-ce aujourd’hui que vous perdrez la vie au travail?

Par Barb Stewart | Traduit par Claudine Maclure

1 Moyenne annuelle selon le tableau comparatif « Nombre de décès par province/territoire » de 1993 à 2011, statistiques publiées par l’Association des commissions des accidents du travail du Canada.
2 Selon le tableau « Nombre d’accidents acceptés avec perte de temps, par province/territoire ».